Il y a trente ans, le Mur de Berlin tombait, ouvrant la voie à la réunification d’un peuple séparé pendant quarante ans.

Dans la mémoire collective, la chute du Mur et la Réunification allemande sont associés à un moment d’euphorie: la fin de la dictature et de la Guerre Froide, le triomphe de la liberté.
Qui sait que cette liberté eut un prix amer?
Le film révèle le côté sombre et méconnu de l’après chute du Mur dont la mémoire continue de hanter l’Allemagne aujourd’hui réunifiée mais encore divisée : l’explosion de l’anarchie dans une RDA à l’agonie, la ruée vers une Réunification non préparée, l’explosion du chômage à l’Est, le clash culturel, la disparition d’un pays ; et dans ce chaos, l’apparition chez des jeunes en perte de repères : le néonazisme.
Des témoins exceptionnels racontent cette transition d’une dictature communiste à une démocratie capitaliste : un musicien punk banni sous la RDA ; un célèbre chef de file néonazi désormais repenti; des dissidents clés sous la RDA…. Ce film regarde l’histoire du côté des témoins et des archives d’époque montrent ces hommes dans leur itinéraire engagé.

Ici et là, la réalisatrice franco-allemande, qui vit à Berlin, apparaît dans le film pour apporter son regard très personnel et introduire un témoin inédit : son père, né allemand de l’ouest, et qui, juste après la Réunification, a été l’un des acteurs de la conversion d’une économie planifiée à une économie capitaliste, en privatisant des grands complexes industriels de la RDA – une transition émaillée de licenciements massifs qui générera une tension telle qu’un haut dirigeant économique ouest-allemand sera assassiné….

Au rythme haletant d’une histoire qui s’accélère se mêle une temporalité plus lente : celle d’un voyage dans un pays disparu, la RDA. Des archives méconnues brisent les préjugés d’un pays gris et sévère et des témoins racontent leur rêve déçu d’un « idéal communiste ».

La réalisatrice tire les fils d’un passé que l’on croyait oublié et qui divise encore l’Allemagne d’aujourd’hui. Elle fournit des clés précieuses pour comprendre la flambée de l’extrême droite en ex-Allemagne de l’Est, aux scores électoraux deux à trois fois plus élevés qu’à l’ouest. Des clés pour deviner aussi le mur invisible qui continue de diviser l’Europe.

Géraldine Schwarz est une journaliste franco- allemande vivant à Berlin. Ancienne correspondante de l’AFP, elle collabore entre autres avec Le Monde, Arte et une émission politique de la télévision allemande Deutsche Welle. Elle enquête depuis quelques années dans les archives des services secrets allemands BND et a réalisé plusieurs documentaires pour France Télévisions.

En 2017, elle publie « Les amnésiques », un titre qui reçoit le prix du Livre européen 2018.